InSiteOut (2003)

InSiteOut est issue d’une collaboration entre Sylvie Cotton et Chuck Samuels.

InSiteOut est une commande reçue de Dazibao en janvier 2003 dans le cadre d’un programme annuel consistant à inviter deux artistes, qui ne se connaissent pas, à collaborer ensemble à un projet de création pour la galerie.

L’intérêt de Chuck Samuels, d’une part, pour la construction de réalités alternatives, autonomes, fictionnelles ou demi-fictionnelles ayant pour sujets la mémoire et la photographie en soi et, d’autre part, le cycle continu de performances de Sylvie Cotton visant à déstabiliser le spectateur, en ayant recours à l’intimité de son propre corps comme outil de travail, les ont menés à créer ensemble une installation sur la mémoire et la reproduction. L’œuvre est née de leur fascination commune pour les pratiques autoréférentielles, la nostalgie et le vertige.

Avec InSiteOut, Chuck et Sylvie semblent, d’emblée, avoir abandonné leurs pratiques de base respectives, c’est-à-dire la photographie et la performance, pour créer une vidéosculpture interactive dans laquelle le visiteur est invité à faire un tour de carrousel statique, dont une portion fortement éclairée est fixée au mur dans une salle par ailleurs plongée dans le noir. En se rapprochant du manège, le spectateur déclenche une caméra vidéo, un projecteur et une bande-son. La caméra est accrochée au plafond à l’aide d’un dispositif rotatif qui permet de filmer l’intérieur de la salle, entre autres la partie du manège où le visiteur se tient, tandis que le projecteur renvoie cette image en noir et blanc du mouvement giratoire sur le mur opposé et que se font entendre des cris d’enfants sur un carrousel en mouvement. Cette grande projection du mouvement circulaire de la salle convie le spectateur à s’approcher du mur opposé pour mieux voir, mais au moment même où il s’éloigne du manège, l’image et le son s’interrompent brusquement et le laissent à lui-même, seul dans l’obscurité.

Cette installation est une fascinante combinaison de haute technologie et d’absence de technologie, un simple jeu d’enfant, une espièglerie imprégnée d’une nostalgie adulte. Grâce à ses qualités autoréférentielles et à sa généreuse accessibilité, elle propose pour chaque visiteur une expérience unique.

En complément à l’installation, Sylvie présentait à l’occasion du vernissage une performance intitulée Tournage, où elle invitait les spectateurs à participer à un tour de manège avec elle. Portant une caméra à la main dont l’image était projetée sur le mur derrière les spectateurs, Sylvie courait de plus en plus vite en formant des cercles autour des participants qui se tenaient au centre de la pièce. Tandis que la projection de son tournage créait l’effet inverse d’une caméra fixe en train de filmer un groupe de personnes tournant en rond, la sonorité de la course de Sylvie, son essoufflement et son déséquilibre causé par un vertige volontairement induit contribuaient à créer un spectacle inquiétant.

Intitulé Blind Date, un CD-ROM d’accompagnement a été produit par Chuck et Sylvie (un support alternatif au traditionnel catalogue d’exposition) dans lequel apparaissent deux versions d’un court métrage (tourné en super 8) comprenant le mouvement giratoire (tournage), le vertige, les murs de la salle et ainsi qu’un « vrai » carrousel. Le troisième court métrage est une sorte de documentaire poétique de la performance de Sylvie qui a recours aux mêmes images que celles projetées lors de l’événement, mais montées avec des images supplémentaires tournées par Chuck, qui était à la fois spectateur et passager du manège imaginaire.

Expositions individuelles (ou duos) :

2003 Dazibao, centre de photographies actuelles, Montréal

2003 Blind Date, Sylvie Cotton et Chuck Samuels, sous la direction de France Choinière.

Veuillez joindre les artistes Sylvie Cotton et/ou Chuck Samuels.