DÉMARCHE ARTISTIQUE
« On ne voit que ce que l’on observe, et l’on n’observe que les choses qui sont déjà dans l’esprit. »
Alphonse Bertillon
Crime and Photography interroge le rôle de la photographie comme medium au service du pouvoir et le rapport qui peut exister entre photographie et contrôle. Le projet revisite également une période critique de l’histoire du medium, une période où la photographie était considérée comme un élément de preuve au sens juridique, une reproduction fidèle de la vérité.
Crime and Photography aborde l’œuvre d’Alphonse Bertillon, un officier de police et un chercheur en matière de biométrie au sein de la police parisienne à la fin du 19e siècle et au début du 20e. Bertillon a présenté sa méthode « anthropométrique » (souvent appelée le « système Bertillon » ou le « bertillonnage » ou encore la « signalétique ») – une série de mensurations de certains traits particuliers du corps humain (mesurées à l’aide d’instruments spécialisés et de protocoles rigoureux) et de descriptions de caractéristiques physiques (comme la couleur des yeux, les cicatrices, les tatouages, etc.). Ces développements, parmi lesquels l’invention du portrait judiciaire, font de Bertillon un pionnier dans l’utilisation de la photographie pour résoudre les crimes et pour identifier et arrêter les criminels.
Au fils des années, l’anthropométrie a été utilisée dans une variété de contextes, y compris les descriptions scientifiques et les analyses épidémiologiques, mais elle a également été exploitée par des pseudo-scientifiques qui s’en sont servi (et qui continuent à le faire) pour démontrer la validité de l’eugénisme ainsi que d’autres idéologies et mouvements sociaux manifestement racistes.
Crime and Photography est le dernier chapitre en date de mon questionnement perpétuel et obsessif du medium. En m’infiltrant dans les photos de crimes, de criminels, de policiers et de victimes prises par Bertillon, le projet interroge la prétendue neutralité des images scientifiques dont la signification, comme à peu près toutes les photographies, peut être modelée et altérée suivant le contexte. La stratégie de faire de moi le sujet des photos à partir d’un ensemble choisi d’archives photographiques aplanit les images en quelque sorte et libère le regardeur de l’obligation de croire à la vérité des images. Elle crée un espace dans lequel la personne qui regarde est invitée à reconsidérer ce qu’elle voit et à appliquer un esprit critique sur le sujet qu’elle a sous les yeux et à s’interroger sur la nature même de la photographie.
Remerciements
L’auteur tient à remercier le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son généreux soutien financier grâce auquel il a pu effectuer ses recherches et réaliser Crime and Photography. Les prises de vues en studio du projet furent réalisées dans le cadre d’une résidence d’artiste à la Fonderie Darling à Montréal.
L’artiste remercie chaleureusement les individus et les établissements suivants pour leur aide précieuse dans ses recherches :
Bernard Bassette et Maxime Vanhuse, Archives de la Préfecture de Police, Paris
Sylvie Aubenas et Flora Triebel, Départment des Estampes et de la photographie, Bibliothèque nationale de France, Paris
Anaïs Eveno, Musée de la Préfecture de Police, Paris
Pauline Martin et David Schenker, Musée suisse de l’appareil photographique, Vevey
Andrea Kunard, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Vincent Guyot, Société française de photographie, Paris
Christophe Champod, Ecole des sciences criminelles, Université de Lausanne
Sacha Auderset, Ressouces Informationelles et archives, Université de Lausanne
CRIME AND PHOTOGRAPHY : DIFFUSION
À venir…
CRIME AND PHOTOGRAPHY : BIBLIOGRAPHIE
À venir…
CRIME AND PHOTOGRAPHY : DÉTAILS SUR L'EXPOSITION ET L'ÉDITION
Crime and Photography consiste en 22 tirages au jet d’encre de qualité archive et d’une vidéo HD d’une durée de 10 minutes intitulée La chambre du crime. Les dimensions de 18 des 22 tirages est de 57 cm x 36,8 cm (22 1/2 pouces x 14 1/2 pouces). Les tirages sont présentés sur deux rangées qui forment une grille. Chacune des 18 images verticales est composée de multiples photographies. Les 4 tirages encadrés restants mesurent 36, 8 cm x 42 cm (14 1/2 pouces x 16 5/8 pouces) et sont accrochés en 2 groupes de 2 de chaque côté de la grille. Chacune de ces 4 images horizontales consiste en une seule photographie. Les 22 photos encadrées occupent environ 6 mètres de mur (environ 20 pieds). L’installation est conçue pour faire écho aux vitrines que Bertillon utilisait au tournant du siècle dernier pour promouvoir son système anthropométrique.
Partie intégrante de Crime and Photography, la vidéo La chambre du crime explore l’œuvre de Bertillon, les équipements qu’il utilisait et l’histoire de sa vie (tels qu’ils ont été dramatisés à la radio, au cinéma et à la télévision), mais d’une manière à la fois plus poétique et irrévérencieuse que mon traitement des photographies. Les voix dans la vidéo s’expriment soit en français soit en anglais. Il existe deux versions de la vidéo – une en anglais et une en français – chacune avec les sous-titres correspondants. Les deux versions de la vidéo devraient être mises en boucle et présentées sur un moniteur de taille moyenne ou grande connecté à des casques d’écoute ou projetées sur un écran de dimension moyenne ne requérant qu’un modeste système sonore. Dans l’un ou l’autre cas, il est important que la vidéo soit positionnée de telle sorte que le spectateur ne puisse voir simultanément la vidéo et les photographies.
Les œuvres encadrées nécessiteront deux caisses de transport (les dimensions et le poids restent à déterminer).
Édition
L’œuvre Crime and Photography a été conçue pour une édition en 6 exemplaires des tirages d’archives au jet d’encre et de la vidéo. L’ensemble complet des 23 œuvres peut être acquis à un prix spécial (Ce serait le #6 de l’édition). Il y aura également deux ensembles supplémentaires des épreuves d’artistes (y compris l’ensemble complet tirages/vidéo de l’exposition).









