Démarche artistique
Mon père, photographe amateur de talent, n’était pas un homme particulièrement affectueux et démonstratif. En devenant parent, j’ai lentement compris que mon père exprimait principalement son amour pour ses enfants par la manière systématique dont il nous photographiait. Cette observation m’a permis de comprendre la raison pour laquelle je suis devenu photographe et peut-être également pourquoi, au fil des ans, je me suis souvent photographié.
Cette prise de conscience a également fait surgir deux nouvelles questions : Pourquoi mon père était-il devenu photographe et pourquoi m’avait-il initié à cette pratique ? Cette intronisation, solennellement menée et documentée par mon père, a eu lieu au cours de l’été 1967 lorsque j’avais 11 ans. Depuis ce jour, je suis complètement obsédé par le fonctionnement du médium (mais aussi par son non-fonctionnement). L’impulsion initiale derrière Before Photography consistait à explorer ma relation photographique avec mon père, son intérêt pour le médium et l’étude de l’iconographie populaire appartenant à la photographie datant d’avant ma propre initiation, dans le but de trouver des indices expliquant pourquoi mon père s’était intéressé à la pratique.
Before Photography se compose de 4 sections. La première, Chuck’s Family Photos, contient trois photographies prises par mon père, dont une prise à l’instant même où je suis devenu photographe. À la recherche d’images qui auraient possiblement influencé mon père (mais je n’ai trouvé que moi-même), je procède, dans la section Chuck Goes to the Movies, à l’inventaire de la figure du photographe au cinéma et à la télévision dans des films et émissions réalisés avant mon initiation à la pratique photographique. Dans The Last Words on Photography, je raconte et documente (mais pas nécessairement dans cet ordre) les derniers mots prononcés par mon père. Avec Chuck’s Home Movies, je suis attiré, une fois de plus, par l’image en mouvement tributaire de l’époque de mon père dans une tentative de découvrir ce qui, dans la pratique photographique, l’avait séduit.
Explorant ce riche terrain psychanalytique dans la poursuite des traces de mon père, je me suis irrémédiablement perdu et me suis retrouvé errant sans but précis parmi mes propres souvenirs cinématographiques, dans l’iconographie cinématographique collective de la génération de mon père et dans ce que je ne pouvais qu’imaginer être ses souvenirs. Ainsi, bien que de nature ostensiblement autobiographique, Before Photography devient finalement un peu moins à propos de ma relation avec mon père et davantage une méditation sur la représentation du photographe dans l’image en mouvement, précisément dans la culture populaire à l’époque de mon père.
Before Photography : Diffusion
Expositions individuelles (ou projections individuelles des vidéos de Before Photography) :
2021 Becoming Photography, une exposition en deux lieux : Expression, Saint-Hyacinthe, QC & Plein sud, Longueuil, QC (publication)
2015 Galerie de l’Etrave, Thonon-les-Bains, France
2014 Chuck’s Home Movies (de Before Photography) & MOVIE/MUSIC, DAÏMÕN, Gatineau (projection présentée par Available Light Screening Collective)
2013 Galerie Latitude 53, Edmonton
2012 Festival Images, Vevey, Suisse
Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce, Montréal*
L’Entrepôt, Montréal*
Maison de la culture et communautaire de Montréal-Nord, Montréal*
Centre culturel de Dorval, Montréal*
Galerie Port-Maurice, Montréal*
2011 Maison de la culture Frontenac, Montréal*
2010 VU, centre de diffusion et de production de la photographie, Québec
Dazibao, centre de photographies actuelles, Montréal
*Before Photography a été sélectionnée dans le cadre du programme « Montréal en tournée » et mis en circulation dans 6 centres culturels de la Ville de Montréal par Dazibao avec l’appui du Conseil des arts de Montréal.
Before Photography : Bibliographie
2023 Alasdair Foster, “In Photography,” Entretien sur le site de Talking Pictures website, Brisbane, Australie.
2022 Carole Coen, “Huitième art en « je »,” Fisheye Magazine, No. 51, Paris, janvier-février 2022, p. 110-111.
2021 Chuck Samuels, Becoming Photography, publication avec essais par Joan Fontcuberta & Mona Hakim, coéditée par Kerber Verlag, Berlin, Expression, Saint-Hyacinthe & Plein Sud, Longueuil, 2021
Sylvain Campeau, “Chuck Samuels. Devenir la photogaphie,” Ciel variable, no. 118, Automne/Fall 2021, Montréal, p. 93-94.
Robert Enright, “The Man with the Moving Camera,” Border Crossings, Vol. 40, No. 2, Issue 157, August 2021, p. 100-111.
Gabrielle Sarthou, “Devenir la photographie. Chuck Samuels,” Espace art actuel, No. 129, Automne/Fall 2021, p. 109.
Sevia Pellissier, “Chuck Samuels. Devenir la photographie,” Vie des arts, No. 263, Vol. LXVI, Montréal, Été 2021, p. 89.
Joan Fontcuberta, “Històries i contrahistòries,” El món d’ahir, No. 19, Barcelona, Summer 2021, p. 50-69.
Donald Bracket, “How to Throw Your Voice Visually: Becoming Photography,” Critics At Large (criticsatlarge.ca), May 26, 2021, n.p.
Jérome Delgado, “Tête de star,” Le Devoir (Le D Magazine), April 17, 2021, p. 23.
Christian Gattinoni, “Portrait de l’homme photographique dans l’histoire de ses chef-d’oeuvres,” LaCritique.org, 24 mars, n.p. 2021
Chuck Samuels, “Scabs, Runny Noses & Wardrobe Malfunctions,” Ciel variable, No. 116, January 2021, Montréal, p. 95-98.
2014 Philipp Dominik Keidl, “Flickering Memories: Chuck Samuels and Mike Hoolboom,” Global Engagements in Contemporary Canadian Art, ed. Loren Lerner, p. 329-39. Montreal: Centre for Contemporary Canadian Art Academy, 2014, Web
2013 Sylvain Campeau, “Irrépressible tentation,” feuillet Before Photography, Edmonton, Latitude 53, s.p.
Jules Arbec, « Chuck Samuels : Auto-Bio-Photographie », Vie des Arts, no 230 (printemps 2013), p. 72-73.
2011 Jacques Doyon, « Narrative Series », Ciel Variable, no 87 (janvier-mai 2011), p. 10, p. 3.
2010 Jean Gagnon, « Les identités faux fillées de Chuck », feuillet Before Photography, Québec, VU, centre de diffusion et de production de la photographie, s.p.
Virginie Doré Lemonde, « Chuck Samuels », Ciel Variable, no 85 (mai-septembre 2010), p. 68-69.
Nicolas Mavrikakis, « Photos d’identité », Voir Montréal, 29 janvier 2010, p. 33.
Jérôme Delgado, « Quelques vérités photographiques », Le Devoir, les samedi 23 et dimanche 24 janvier, 2010, p. E-9.
Before Photography : Images reproduites
2011 Ciel Variable, no 87 (janvier-mai 2011), p. 10, p. 30-38.
Before Photography : Collections
2013 Cinémathèque québécoise, Montréal
2012 Musée national des beaux-arts du Québec, Collection Prêt d’œuvres d’art, Québec
Before Photography : Détails sur l’exposition et les tirages
Description :
Before Photography se compose de quatre sections distinctes mais reliées (énumérées ci-dessous). L’installation de ces 4 composantes forme une sorte d’univers photographique et cinématographique qui ne contient que très peu d’images photographiques ou filmiques. Before Photography est en continuité avec le travail en photo, vidéo et installation que je réalise depuis le début des années 1980 et qui remet en question le fonctionnement (ou non-fonctionnement) de la photographie et du cinéma. Beaucoup de ces projets comprennent des images de moi-même.
• Section 1 : Chuck’s Family Photos
Les seules « vraies » photographies dans Before Photography sont trois images prises par mon père. Ces impressions de 112 x 172 cm (44 x 68 pouces) sont épinglées directement au mur. La première est un autoportrait de mon père où l’on peut voir l’appareil photo. La seconde est un portrait de ma mère récemment découvert et pris avant la naissance de ses enfants (qui, contrairement à ce que j’ai vu dans mon enfance, montre qu’à un certain moment ma mère et mon père se sont aimés et que celui-ci a exprimé cet amour principalement à travers la photographie); et la troisième est un portrait de moi à l’âge de 11 ans pris par mon père – la première photo sur la première pellicule photo que j’ai exposée – au moment même où je devenais photographe.
• Section 2 : The Last Words on Photography
Je me suis pris en vidéo en même temps que je me photographiais près de photos de mon père et pendant que je raconte l’histoire des dernières paroles de mon père. Comme la mémoire, l’histoire est racontée répétitivement et chacune des versions se superposent, ce qui rend le récit extrêmement difficile à suivre et les images pénibles à lire. La vidéo se termine sur un plan très long et inconfortable où je reste immobile autant que possible et dans lequel je prétends que je suis une photographie. Cette vidéo d’une durée de 3 min 30 s est projetée en boucle sur le mur dans une partie assombrie de la galerie – la projection sera aussi grande que le permettent l’espace et l’éclairage. Dans le cas où une projection est impossible, la vidéo peut être aussi présentée sur un écran mural.
• Section 3 : Chuck Goes to the Movies
J’ai étudié la représentation du photographe au cinéma et à la télévision à l’époque de mon père (ou, plus spécifiquement, à l’époque avant que je ne devienne moi-même photographe), étant à la recherche d’images de ce que j’imaginais avoir été à l’origine de son intérêt pour la photographie. Inspiré par la fascination de mon père pour la photographie, j’ai cherché à me réinventer en m’insérant moi-même dans ces images. Chuck Goes to the Movies est une grille massive formée de 108 images réparties sur 4 rangées de 27 images chacune. Chaque image 30,5 x 24 cm (9½ x 12 pouces) est encadrée.
• Section 4 : Chuck’s Home Movies
Ces vidéos posent, elles aussi, un regard sur une variété de films (presque tous réalisés avant mon initiation à la photographie) à travers le prisme des pratiques contemporaines, et reconsidèrent littéralement et figurativement ma propre place dans le canon cinématographique. La bande son de ces courtes vidéos est entièrement construite à partir d’extraits sonores d’autres films et comprend des dialogues évocateurs et incongrus faisant souvent allusion au cinéma et à la photographie. Ces vidéos font écho, mais de manière différente, à la densité chaotique de Last Words on Photography. Composé de 5 courtes vidéos de 3 à 6 minutes chacune, Chuck’s Home Movies est d’une durée totale de 24 min 30 s. Intitulé Scene 1, Scene 2, etc., chaque vidéo est présentée simultanément en séquence et en boucle sur deux écrans muraux munis de casques d’écoute. Un banc doit être fourni pour rendre l’écoute plus confortable.
Spécifications techniques et exigences :
L’exposition se compose de 4 sections. Idéalement, le travail devrait être montré selon l’ordre indiqué ci-dessous, mais des compromis liés au plan de la galerie ou à des considérations d’éclairage sont envisageables. Toutefois, les sections doivent être exposées ensemble ou dans un espace adjacent.
Notez bien : Deux exemplaires de l’exposition Before Photography sont disponibles, dont l’une au Canada et l’autre en Europe. Vous trouverez ci-dessous les détails techniques généraux pour les deux exemplaires de l’exposition ainsi que l’information nécessaire pour le transport des œuvres entreposées au Canada.
Chuck’s Family Photos
Un éclairage approprié ainsi qu’un espace adéquat pour accrocher au mur 3 photographies verticales de 112 x 172 cm (44 x 68 pouces) non montées.
The Last Words on Photography
Un espace suffisamment large et obscur pour une grande projection.
Un lecteur DVD pour support DVD-R ou DVD+R (NTSC) pouvant jouer en boucle.
Un projecteur numérique dont la luminosité adéquate permet une projection aussi large que l’espace de la galerie.
Un système de son permettant les usages mentionnés ci-dessus.
Dans le cas où une projection est techniquement impossible, la vidéo pourra être présentée sur un écran de 102 cm (40 pouces) installé au mur.
Chuck Goes to the Movies
Un espace mural d’approximativement 9,25 mètres (ou 30 pieds linéaires) pour accrocher une grille de 108 photographies encadrées ainsi qu’un éclairage approprié.
Chuck’s Home Movies
Un espace relativement sombre et assez grand pour y installer deux moniteurs branchés sur un seul lecteur DVD (s’il y a plusieurs moniteurs, la vidéo sera lue simultanément sur tous les moniteurs).
Un lecteur DVD pour support DVD-R ou DVD+R (NTSC) pouvant jouer en boucle.
Deux écrans plats identiques de 76 cm (30 pouces) ou plus (deux moniteurs standard de 76 cm (30 pouces) ou plus sur une plateforme constituent un compromis acceptable).
2 casques d’écoute pour les items ci-dessous.
Transport (de tout l’exemplaire canadien de l’exposition Before Photography) :
Chacune des épreuves encadrées de Chuck Goes to the Movies est individuellement emballée dans 4 caisses de transport en bois faisant 75 x 38 x 61 cm et pesant 27,5 kg (29½ x 15 x 24 pouces, 60 livres). Les 3 épreuves de Chuck’s Family Photos sont roulées ensemble et expédiées dans une caisse en bois faisant 28 x 32 x 127 cm et pesant 18 kg (11 x 12½ x 50 pouces, 40 livres). 2 exemplaires du DVD de Chuck’s Home Movies et de celui de The Last Words on Photography sont inclus dans l’une des 4 caisses de transport avec Chuck Goes to the Movies.
Édition :
Les épreuves de Chuck Goes to the Movies (de Before Photography) sont disponibles par ensemble de 6 images spécifiques (tirées de différentes sections de la grille) et en tirage de 15. De plus, l’artiste conserve deux épreuves d’exposition et une épreuve d’artiste pour chacune des images.
Before Photography : Presse
Before Photography : Pour s’informer
Pour la présentation de Before Photography en Europe, veuillez contacter l’artiste et Raphaël Biollay au Festival Images à Vevey en Suisse. Pour toute présentation ailleurs ou pour faire une acquisition, veuillez contacter directement l’artiste.